Sur les traces de Genghis Khan en Mongolie Intérieure ( 内蒙古 )

Nous partons trois jours sur les traces de l'empire mongol avec en prime une nuit en Yourte dans les prairies mongoles !

La Mongolie Intérieure est aujourd’hui une région autonome de la Chine. De nombreux habitants de Mongolie Intérieure parlent à la fois le chinois (mandarin) et un ou plusieurs dialectes mongols, dont certains sont d’ailleurs différents du mongol parlé en Mongolie (je parle du pays là, vous suivez ?!). Les langages mongoles ont une forte consonance russe, mais l’écriture est très différente du russe. Les mongols écrivent de haut en bas, et pour essayer de décrire cette écriture, je dirais qu’il s’agit d’un enchainement de « traits » et de « boucles » qui forment des mots. Notre guide a essayé de nous initier au mongol, « merci » (en phonétique bien sur) donne quelque chose comme « Tatarrrrtla »… BREF ! Tout ça pour dire qu’en Mongolie avec nos 7 mots de chinois et 1,5 de mongol, on n’a à peu près aucune chance de se faire comprendre...

La minute culturelle :

La Mongolie Intérieure dispose d’une superficie de 1,18 million de kilomètres carrés pour un peu plus de 23 millions d’habitants. Elle a l’avantage de disposer d’un grand nombre de paysages différents dont d’immenses prairies, des chaines de montagnes (pic à plus de 3500 mètres), beaucoup de points d’eau, et également le fameux désert de Gobi au nord.

Dans les zones restées très traditionnelles, l’élevage et la culture de la terre demeurent les principales sources de revenu. Cela dit, l’économie de Mongolie Intérieure se tourne désormais largement vers l’exploitation des mines de charbon et autres composants rocheux compte tenu de la richesse des sols, mais également vers la production d’électricité, et de plus en plus vers le tourisme. Il existe même une base militaire et spatiale depuis laquelle les Chinois font de nombreux tests.

L’image que nous avons des immenses steppes de Mongolie encore très traditionnelles est donc de plus en plus éloignée de la vérité. De nombreux Mongols ont rejoint les grandes villes ou travaillent désormais dans les exploitations de charbon. Peu d’entre eux vivent encore dans les yourtes, qui sont plutôt utilisées pour les louer aux touristes en mal d’aventure insolite. Et, à moins d’avoir vraiment énormément de temps devant soi, il est assez difficile de se promener seul en Mongolie Intérieure. Il est préconisé de passer par des « agences » pour organiser ses excursions.
Voilà une introduction conséquente de notre passage en Mongolie Intérieure, voyage qui nous tenait tout particulièrement à cœur !

Revenons donc à nos épopées…

Jour 1 : Hohhot

Nous partons de Datong le jeudi matin en train pour rejoindre Hohhot, capitale de la région Mongolie Intérieure. Nous mettons environ 3 heures et demie pour arriver sur place. Apparemment, Hohhot c’est un peu « the place to be » car le train est plein à craquer, il y a du monde plein dans les allées. C’est par conséquent très bruyant, et on est un petit peu asphyxié par la fumée de cigarette, car oui, les Chinois ont le droit de fumer dans les trains… Notre voisin en profite même pour se raser la barbe tranquillement assis sur son siège (véridique), les poils tombent sur son pantalon, par terre, ou sur son voisin (en l’occurrence, Damien), quel est le problème ?!

Notre première impression de Hohhot est malheureusement assez négative : c’est une ville assez sale, très urbanisée, il y a beaucoup de trafic routier, ça paraît immense et c’est assez pollué.

Nous prenons directement un bus pour rejoindre l’auberge de jeunesse dans laquelle nous avons réservé notre première nuit. Cette auberge – Anda Guesthouse pour ne pas la nommer – est recommandée par le Lonely Planet car elle organise des tours authentiques dans les contrées éloignées de Mongolie Intérieure. Autant vous dire que nous n’avons pas hésité bien longtemps avant de les choisir !

Mais à l’arrivée, c’est la douche froide. Le personnel est plus que désagréable, la chambre n’est pas prête, ils refusent de discuter avec nous du tour que nous souhaitons faire pourtant dès le lendemain, soupirent quand nous demandons un reçu pour notre caution (??!!!!) et nous demandent de revenir le soir pour toutes les questions et formalités. Bon…

Nous quittons donc l’auberge assez déconfis (et plutôt très énervés), faisons une pause pour manger, et partons pour le centre ville de Hohhot. Nous passons l’après-midi à visiter des temples, dont le très beau « Da Zhao Lamaserie » - bouddhiste - qui mélange les styles tibétain, chinois et mongol. Nous nous dirigeons ensuite vers le quartier musulman de Hohhot, et nous arrêtons en route à « China Mobile » pour recharger le forfait du téléphone portable de Damien. Aucun des membres du personnel ne parlait anglais, et ils étaient tous tellement étonnés de nous voir là qu’ils ont passé plus de temps à nous prendre en photo dans la boutique qu’à vraiment résoudre notre problème.

Le quartier musulman est un excellent endroit pour flâner et goûter différentes spécialités. Il y a notamment de nombreux étals de pâtisseries et de viandes. Nous en profitons également pour entrer dans la mosquée qui s’avère être un endroit magnifique. Les murs sont gris, et les peintures, à dominante bleue turquoise, sont éclatantes. Le soir, nous nous régalons d’une fondue mongole dans un petit restaurant proche de l’auberge, avant de rentrer discuter de notre tour avec la charmante manager. Nous convenons de faire un tour de deux jours : une journée dans les grandes plaines, une nuit dans une yourte et une journée dans le désert de Gobi. Yiiiiiihaaaa !

Jour 2 : En route pour les « Grasslands » (prairies)

Nous embarquons à bord d’un mini van vers 9 heures du matin et découvrons nos compagnons de voyage : une famille de 3 Français, deux amies Françaises, un Néo-Zélandais, deux « guides » et un chauffeur. Avec les sacs de chacun, le van est bien rempli. Durant le voyage, la guide nous apprend quelques mots en mongol, et nous lui enseignons le français. Après 2h30/3h de route, nous nous arrêtons dans une toute petite ville pour visiter un temple. Premier réflexe, nous rajoutons tous une couche, il fait un soleil radieux mais le vent souffle très fort. La guide nous donne quelques explications, mais ce temple a globalement les mêmes « origines » que le « Da Zhao Lamaserie », et est moins impressionnant.

Nous reprenons ensuite la route durant 20 minutes. Nous voyons de nombreux complexes hôteliers avec un nombre incalculable de yourtes alignées les unes à côté des autres, et des chevaux déjà sellés attendant les touristes pour la ballade. Secrètement, nous prions tous pour ne pas atterrir dans ce genre d’endroit…

Tout à coup, le chauffeur tourne à droite et nous arrivons face à un mur. Qu’est-ce qui se passe ? Sommes-nous arrivés ? Non, non, celui-ci reprend tout de suite à gauche – mais, il n’y a pas de route la ?!!! – et poursuit sur un pseudo chemin de terre. Nous continuons ainsi une bonne dizaine de minutes jusqu’à apercevoir une petite maison entourée de quelques yourtes : nous voilà arrivés dans notre demeure, yes !!!
Nous sortons de la voiture et allons visiter les lieux : une yourte principale dans laquelle nous seront servis les repas, et ensuite nous nous mettons à 4 par petite yourte où nous passerons la nuit. La remarque de la guide nous fait sourire : il vaut mieux vous mettre à plusieurs dans les yourtes, la nuit il fait très froid… Et nous voulons bien la croire ! À peine passée la porte du van et nous sommes tous gelés ! Le vent, de Sibérie – ça vaut le coup de préciser – est encore plus intense que dans la petite ville puisque nous sommes au milieu… De rien. Nous posons donc nos affaires dans nos yourtes respectives, rajoutons toutes – oui, oui, vraiment TOUTES – les couches que nous avons sous la main, et partons savourer notre premier repas. À midi, ce sera donc une sorte de ragout bœuf / pommes de terre / carottes avec un délicieux bouillon et du riz : vous avez compris, un truc qui colle bien au corps pour affronter le blizzard (non ok, là j’exagère !).

L’après-midi, nous commençons par nous essayer au tir à l’arc, sport particulièrement difficile lorsque le vent souffle. On est donc, sans grande surprise, très mauvais ! Uniquement à cause du vent bien sûr.

Nous partons ensuite à la conquête des alentours. C’est absolument incroyable. Pour la première fois en Chine, nous sommes SEULS au milieu de l’immensité des grandes prairies. Les paysages sont saisissants. À cette époque de l’année, la terre est sèche, et la rivière des environs presque vide. Elle laisse la place à ce que l’on appellerait un « lac de terre salée ». Nous nous promenons donc à cet endroit, puis traversons les grandes herbes (qui ont presque une texture de paille) pour prendre un peu de hauteur et observer le « lac » et les environs du haut d’une petite colline. On ne saurait comment décrire l’impression que cet endroit nous procure. La première construction que l’on peut apercevoir est à des kilomètres, le vent ne cesse de souffler et on observe les vaches et les moutons profiter de leur liberté dans les prés. Ça, c’est la vie, la vraie, et nous vient alors l’idée qu’un jour, nous prendrons le temps de découvrir la Mongolie plus en profondeur, parce que c’est vraiment un endroit magnifique !

Inutile de préciser qu’en cas d’envie de pipi (ou autre pour les plus téméraires), vous avez toute la liberté de choisir l’endroit idéal entre votre yourte et la prochaine vache…

En fin d’après-midi, nous retournons dans la yourte principale boire un petit thé et manger le repas du soir… Qui fait beaucoup moins l’unanimité que celui de midi… Ou plutôt si, mais dans le mauvais sens. Il s’agit d’une sorte de bouillon avec des algues, des morceaux de tofu grillé et d’autres choses non identifiées. En accompagnement, nous avons des pâtes servies dans de l’eau tiède. Vraiment pas terrible ! Nous terminons donc les réserves de chacun : quelques petits poids séchés et crackers par ci, des biscuits Oréo et des M&M’s par là, mais c’est quand même la disette (je vous laisse imaginer la tête de Damien, obligé de « sauter » un repas…).

Nous nous dirigeons, penauds, vers nos yourtes de dodo et le constat est sans appel : il fait un froid de canard là-dedans !

Nous demandons donc à nos guides de faire un feu dans la yourte car il semble y avoir tout le matériel pour. Ce sera l’occasion pour nous d’apprendre que la bouse de vache est bien plus performante pour faire des feux que la bouse de mouton. Peut-être aurez vous un jour l’occasion d’évoquer cela au cours d’un diner mondain...

De nombreuses bouses cramées plus tard, nous ne sommes pas certains qu’il fasse vraiment plus chaud, mais nous finissons tout de même par nous endormir.

Jour 3 : Bye bye grasslands et bonjour désert (ou pas ?!)

Le lendemain, c’est un réveil matinal qui nous attend pour observer le lever du soleil : 5h30 debout. Bon, on vous rassure, on a quand même eu relativement froid toute la nuit. Du coup, on a pris les couettes, on s’est posé dehors 10 minutes pour regarder le lever de soleil, et puis on est allés se recoucher aussi sec. Cela dit, ça valait vraiment le coup de mettre le bout du nez dehors car la luminosité du lever de soleil sur les plaines était tout simplement fabuleuse (au réveil, ça éblouit carrément).

Nous nous réveillons finalement – difficilement – à 7h30 pour prendre le petit-déjeuner. Là encore, c’est un peu la disette. Nous disposons de thé au lait que personne, à l’exception de Chloé, ne réussit à boire, d’eau chaude pure, de petites graines à ajouter dans le thé, de sucre, et d’espèces de beignets gras et secs. Ce n’était encore pas le petit-déjeuner de l’année.

Nous reprenons ensuite la voiture, carrément déçus de ne finalement pas avoir rencontré la famille mongole comme il était initialement prévu dans le programme du tour. Mais nous comprenons rapidement que le programme du tour était vraiment à titre indicatif… Après avoir posé plusieurs fois la question, nous découvrons le pot aux roses. Pour que vous compreniez bien le déroulé de l’histoire, la famille de 3 Français qui était avec nous durant le tour avait uniquement prévu de faire la journée et la nuit dans les plaines, et de rentrer ensuite directement à Hohhot. On se demandait donc comment ils allaient être ramenés à Hohhot, sachant que nous autres (5 autres personnes) étions sensés aller directement au désert pour la deuxième partie de l’excursion, et qu’il n’y avait ici qu’une seule voiture. On posait donc plusieurs questions aux guides qui restaient évasifs, jusqu’à ce que notre comparse Néo-Zélandais comprenne la situation et nous dise « mais attendez, je ne comprends pas. Moi j’ai demandé à faire juste une journée dans les prairies et une nuit en yourte mais l’auberge a refusé en me disant qu’il était obligatoire de faire également le désert ». Hum… Bizarre me direz-vous ?! C’est ce que l’on a pensé aussi, et on a fini par comprendre en harcelant les guides de questions.

En fait, nous allions déposer les 3 français à Hohhot (soit 2h30/3h de route), puis nous repartions dans le désert (encore 2h de route aller), en s’étant arrêté le midi dans un restaurant pour manger… Ce qui nous amenait à passer environ 2 heures maximum dans le désert, pour la modique somme de 2 fois le prix payé par les 3 Français.

Dictés par notre attitude de Français rebelles (nous étions quand même 7 Français dans le van), et sachant qu’ils avaient en plus floué notre ami Néo-Zélandais, nous avons donc tous lancé une révolution d’une seule et même voix : annulons le désert, le jeu n’en vaut pas la chandelle. Autant vous dire que ça n’a pas trop plu aux guides – et encore bien moins à l’auberge – mais nous sommes donc tous rentrés directement à l’auberge. La charmante manager a essayé de nous dire qu’elle nous rendrait notre argent « plus tard » – et nous avions d’ailleurs initialement réservé une autre nuit dans cette auberge pour le soir même – mais nous avons tous insisté, et sommes partis au plus vite de cet endroit.

L’expérience dans les grasslands n’en reste pas moins inoubliable, mais nous sommes tout de même déçus de ne pas avoir vu le désert. Cela dit, cela nous fait une raison de plus pour revenir, rien n’est perdu ! Une chose est sûre, nous ne recommanderons pas cette auberge de jeunesse, qui n’est pas « nette » sur beaucoup de points.

Nous partons à la gare avec tous les français pour faire modifier nos billets de train, la nuit dans l’auberge étant désormais oubliée, nous pouvons prendre nos trains respectifs plus tôt. Nous partons ensuite tous, affamés, nous faire un restaurant « occidental » où nous prenons tout ce qu’il est possible de prendre pour contenter nos estomacs meurtris : tortillas, frites, pâtes à la napolitaine et gratin de pommes de terre/jambon/fromage. MIAM MIAM !!

Nous nous séparons tous après ce bon festin, ravis d’avoir partagé tous ces bons moments.

L’après-midi, nous nous rendons dans une petite boutique mongole et nous dirigeons ensuite vers le musée de la Mongolie Intérieure. C’est un grand musée très récent qui retrace l’histoire, très riche, de cette région. On y apprendra notamment que toutes les personnes qui vivaient sur les terres où le gouvernement a décidé de construire la base militaire et spatiale ont été ravies de quitter leur terre pour assurer la sécurité de leur pays… Alala, l’histoire racontée par les Chinois est toujours si délicieuse !

Toujours sales – ou plutôt carrément dégueulasses de deux jours passés dans les steppes sans toilettes et sans douche, à dormir dehors – et bien fatigués, nous embarquons dans un train de nuit pour 15 heures à destination de Xi’An.



Séance de danse à Hohhot






Mosquée à Hohhot


Minaret à Hohhot


Lever de soleil sur le campement


Camp de base dans les prairies de mongolie intérieure



Chloé tire à l'arc en mongolie intérieure


Les prairies de Xilamuren en Mongolie intérieure


Damien se repose sur un point géographique


Chevaux près du campement



Moutons en liberté en Mongolie intérieure


Repas mongol

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